FRAGILE

 

 

est un texte écrit pour les enfants par Catherine Leblanc qui parle de la séparation et de la mort.

illustrations terminées le 14.02.12



 

 

l'histoire d'une séparation

une mort,

triste

mais pas que.

 

 

 

 

 

 

1

 

J’ai trouvé un oiseau. Il était posé par terre. Je l’ai pris dans ma main, son cœur battait doucement.

 

Il m’a semblé qu’il me parlait. Etonné, j’ai attendu. Il avait l’air fatigué, pourtant sa gorge rouge   resplendissait. 

 

2

 

Je l’ai entendu chuchoter :

- Je suis tombé de l’arbre…

 

J’ai levé la tête vers l’arbre. Il déployait ses branches comme des mains vers le ciel.

– Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

 

 

 

 

 

 

3

 

Comme il en rêvait, je l’ai emmené voir la mer.

 

Il la trouva sombre et immense. Il fit un tour au-dessus des vagues et revint se poser sur mon épaule.

Cet oiseau me plaisait. Je n’avais pas envie de le quitter. 

 

 

 

 

 

4

 

Je l’ai emmené chez moi. Mes parents m’ont dit que c’était impossible de le soigner, qu’il valait mieux le laisser, mais l’oiseau leur a fait des clins d’œil, et nous avons tous ri avec lui. 

 

 

 

 

5

 

Il nous a raconté sa vie d’oiseau. Il avait traversé des jardins, il s’était ébroué dans les flaques. Il avait chanté avec les autres ou s’était disputé avec eux. Il avait résisté à plusieurs tempêtes. Il avait construit des nids de mousse, cherché des baies et nourri ses petits. Il avait laissé des traces dans la neige.

Ce qu’il aimait par dessus-tout, c’était le matin, quand le soleil réchauffait ses plumes et qu’il se réveillait dans le ciel en couleurs. 

 

 

 

6

 

– Qu’est-ce que tu voudrais maintenant ?

– J’aimerais encore aller dehors.

J’ai ouvert la porte. Il s’est ébouriffé légèrement.  

 

Il trouvait les arbres vraiment beaux. Rouges, jaunes, orange, un incendie.

Il me remercia et me dit que je pouvais faire un vœu.

Je lui demandai d’être aussi léger que lui. 

 

 

 

 

 

 

7

 

Le vent nous a soulevés. Il nous a emportés au dessus des collines. J’ai vu les champs, la rivière et ma maison au milieu des autres. 

 

 

 

 

 

8

 

Il a ouvert ses ailes, encore une fois, elles étaient presque transparentes dans la lumière. En plein ciel, j’ai crié de joie.

- C’est magnifique !

 


 

 

 

9

 

Le vent nous a ramenés. L’oiseau était tout essoufflé. Je l’ai placé dans la poche, sur ma poitrine, et j’ai marché vite. Je ne voulais pas voir les milliers de feuilles par terre.

 

 

 

 

 

 

10

 

Il m’a demandé de le déposer sur l’herbe. Je pensais le garder plus longtemps mais il devenait trop faible et trop fragile.

 

– Je ne veux pas te dire au revoir !

J’attendais qu’il me parle encore mais il a fermé les yeux. Il avait tellement besoin de repos. 

 

 

 

 

 

11

 

Je suis parti, j’avais tellement envie de courir.

 

 

 

 

 

12

 

Tous les arbres, ensemble, se sont penchés vers moi. Rouges, jaunes, orange, un incendie.